Julian Bond, l’une des grandes figures noires de la lutte pour l’obtention de l’égalité des droits civiques dans les années 60, est mort à l’âge de 75 ans, dans un pays à nouveau en proie à de fortes tensions raciales.
Julian Bond est décédé samedi après une brève maladie à Fort Walton Beach, en Floride, a indiqué le Southern Poverty Law Center, un organisme qui lutte contre le racisme et l’extrémisme, dont il a été l’un des fondateurs, dans un communiqué.
« Le pays a perdu l’une de ses voix les plus passionnées et les plus éloquentes pour la cause de la Justice », souligne l’organisation, que Julian Bond a présidée de 1971 à 1979.
« Julian Bond était un héros, et, j’ai le privilège de pouvoir le dire…un ami », a déclaré le président Barack Obama, dans un message de condoléances.
« Julian Bond a permis de changer ce pays pour le rendre meilleur », a ajouté le premier président Noir des Etats-Unis.
Julian Bond est né le 14 janvier 1940 à Nashville dans le Tennessee, dans une famille d’intellectuels. Son père a été le premier président noir de la Lincoln University, une institution fondée pour l’éducation de la communauté afro-américaine. Sa mère était bibliothécaire.
A 20 ans, le jeune Bond a été l’un des co-fondateurs du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC), qui a joué un rôle fondamental dans la lutte des Noirs américains pour obtenir les mêmes droits civiques que les Blancs.
Fondé en 1960, le SNCC a notamment organisé la lutte, non violente, dans les Etats du sud des Etats-Unis, où la ségrégation était encore totale.
Il a notamment encouragé, entraîné et soutenu des étudiants noirs à s’opposer ouvertement à la ségrégation en occupant des espaces publics réservés aux Blancs, souvent au prix de brimades, insultes et de violences physiques, parfois le lynchage et la mort.
Julian Bond en a été le directeur de communication de 1961 à 1966 et il a activement participé aux campagnes sur le terrain.
Membre de la Chambre des représentants, professeur d’université, Julian Bond a longtemps présidé la plus importante association de défense des droits des Afro-américains, la NAACP.
A sa tête, il a été un opposant farouche à l’administration de George Bush mais a aussi fait des vagues dans son camp en soutenant le mariage gay.
-’Encore du travail à faire’-
Ce grand militant meurt alors que les Etats-Unis sont confrontés à un regain de tensions raciales. Même si la situation n’est en rien comparable à celle qui prévalait jusqu’au milieu des années 60, elle n’en dément pas moins l’espoir évoqué en 2008, qu’avec l’élection de Barack Obama, les Etats-Unis étaient entré dans une ère post-raciale.
En août 2014, les tensions ont éclaté au grand jour avec la mort de Michael Brown à Ferguson (Missouri). Le jeune homme Noir, non armé, avait été abattu par un policier blanc.
Ferguson — une ville moyenne à forte majorité noire mais où les policiers sont dans leur immense majorité blancs — est alors devenu le symbole de l’attitude raciste d’une partie de la police américaine.
Plusieurs autres cas similaires sont encore venus ajouter à la colère de la communauté noire.
Julian Bond avait lui-même souligné en novembre 2014 qu’il y avait eu des progrès mais que beaucoup restait à faire alors que l’Amérique célébrait les 50 ans du Civil Rights Act, qui proclamait l’égalité des droits pour tous.
« Nous avons parcouru beaucoup de chemin, ce pays est très différent et meilleur qu’il ne l’était il y a 50 ans, mais il n’est pas aussi bon qu’il devrait l’être. Il y a encore du travail à faire », avait-il confié à la chaîne de télévision WLFI-News 18.Etats-Unis: mort de Julian Bond, grande figure noire des droits civiques
Le révérend Jesse Jackson, lui-même combattant de la première heure des droits civiques et compagnon de Martin Luther King, a tweeté un message de condoléance: « #Julian Bond. Un ami et un compagnon de route qui avec courage a donné le ton moral et académique de notre génération. RIP ».
« Julian Bond – activiste, icône. Un grand homme qui a permis à la génération qui l’a suivi de progresser et a rendu la nation meilleure. Nous lui devons beaucoup », a tweeté Eric Holder, ancien ministre de la Justice de Barack Obama, et premier Noir à occuper ce poste.