Les pourparlers de paix interyéménites sous l’égide de l’ONU doivent s’achever dimanche en Suisse, alors que le cessez-le-feu censé aider ces discussions a été violé à maintes reprises, avec des combats meurtriers et des tirs de missiles vers l’Arabie saoudite.
Ryad, qui combat les rebelles pro-iraniens aux côtés des forces loyalistes, a annoncé qu’un missile tiré depuis le Yémen avait atteint samedi la ville frontalière de Najrane, tuant trois civils. La veille, elle avait signalé deux missiles balistiques tirés vers son territoire sans faire état de victimes.
Une conférence de presse du médiateur des Nations unies Ismaïl Ould Cheikh Ahmed est prévue dimanche à Berne à 16h00 GMT en clôture des négociations interyéménites entre gouvernement et rebelles chiites Houthis et leurs alliés qui tentent de trouver une issue à neuf mois de conflit.
Samedi, le cinquième jour de pourparlers à huis clos s’est achevé à Bienne (nord-ouest de la Suisse) sans grande avancée sur des questions cruciales, selon des sources proches des délégations.
Aucun accord n’a ainsi pu être trouvé sur le cadre général de la suite des négociations de paix, sur l’ouverture de corridors humanitaires ou sur la poursuite d’échanges de prisonniers.
Tandis que les forces progouvernementales gagnaient du terrain en se rapprochant samedi de la capitale Sanaa, les négociateurs en Suisse décidaient de créer « un comité militaire neutre » chargé de surveiller le cessez-le-feu, théoriquement en vigueur depuis mardi dernier.
Cependant, il ne s’est pas passé un jour sans que les parties s’accusent mutuellement de l’avoir violé dans plusieurs régions du Yémen.
Au moins 68 combattants ont ainsi été tués lors de violents combats samedi entre des soldats yéménites et des rebelles chiites près de la ville de Haradh (nord-ouest) et de la frontière saoudienne, selon des sources militaires et tribales.
Haradh a été reconquise jeudi par des forces progouvernementales entraînées en Arabie saoudite, qui avaient franchi la frontière pour lancer un assaut et s’en emparer.
Les loyalistes tentent maintenant d’avancer vers la ville portuaire de Midi, sur la mer Rouge, située près de Haradh, mais ils se heurtent aux rebelles qui ont fait acheminer des renforts dans la zone, selon des sources tribales.
- A 40 km de Sanaa -
Sur un autre front, les troupes fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi se trouvaient samedi à 40 km de la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles depuis plus d’un an, après des gains territoriaux significatifs dans la province de Marib, à l’est de la capitale.
Selon des sources militaires loyalistes, les forces pro-Hadi, aidées de membres de tribus, font le siège d’une base militaire contrôlée par les rebelles à Nihm, à 40 km au nord-est de Sanaa. La zone qui les sépare le plus directement de la capitale est toutefois montagneuse.
Plus au nord, dans la province de Jawf, dont elles ont repris vendredi le chef-lieu Hazm, les loyalistes ont reconquis deux districts, Al-Ghayl et Al-Maton, d’après un chef local de la « Résistance populaire », qui compte des combattants progouvernementaux.
L’émissaire de l’ONU s’est « très inquiet » devant la poursuite des combats. Le président Barack Obama a jugé « urgent » que la trêve soit respectée pour permettre une « désescalade significative » du conflit qui a fait quelque 6.000 morts et 28.000 blessés, selon des estimations de l’ONU.
La guerre, qui a directement affecté 80% de la population de ce pays pauvre de la péninsule arabique, a également favorisé la montée en puissance de groupes jihadistes, dont celui de l’Etat islamique.
Partis en juillet 2014 de Saada, leur fief dans le nord, les Houthis ont pris la capitale et conquis de vastes territoires.
L’Arabie saoudite et ses alliés arabes sunnites interviennent depuis fin mars pour soutenir les forces progouvernementales qui ont réussi l’été dernier à stopper la progression des rebelles dans le sud et tentent depuis de reprendre le terrain perdu ailleurs.