Le nombre de mariages annuels en Tunisie est passé de près de 110 000 en 2014 à seulement 77 000 mariages en 2021, selon l’Institut national de la statistique (INS).
« Il y a plusieurs facteurs structurels qui peuvent expliquer ce changement démographique très significatif. » a déclaré Zouhair Ben Jannet, sociologue. « Par exemple, le facteur économique qui est le premier facteur à expliquer ce phénomène, avec le taux de chômage qui ne cesse d’augmenter depuis plus de 10 ans , le manque de revenus qui affecte surtout les jeunes en âge de mariage, l’instabilité professionnelle, alors que le mariage exige un engagement stable, durable dans le temps et des dépenses stables aussi qui peuvent augmenter considérablement avec l’arrivée des enfants. »
Il a estimé que ces facteurs concernent les hommes comme les femmes. « Les jeunes ne pensent plus au mariage lorsqu’ils sont en précarité (…) Parce que la femme contribue tout comme l’homme dans les dépenses et le budget de la famille. »
Le sociologue a aussi parlé des facteurs occasionnels, comme par exemple la pandémie de la Covid « qui a affecté directement le nombre annuel de mariages pendant trois ans.»
Mis à part la pandémie et les facteurs économiques, Ben Jannet trouve que « ce phénomène n’est pas nouveau et qu’il est observé depuis au moins plus de 10 ans.»
« On a remarqué que la vitesse de ce changement s’est accrue d’une manière ou d’une autre, et qu’on a observé depuis les années 80, c’est-à-dire qu’ il y a des changements démographiques au niveau de l’institution familiale.» a-t-il fait remarquer lors de son intervention dans Le Debrief du vendredi 29 mars 2024.
Il estime par ailleurs que les facteurs culturels jouent un rôle aussi dans ce changement: « Il y a une nouvelle culture chez les jeunes tunisiens qui veillent plus à respecter un certain niveau de vie et bien sûr qui ne se base pas uniquement sur le mariage et sur le nombre d’enfants.»
« Aujourd’hui, la réussite sociale n’est pas uniquement le mariage et les enfants. C’est aussi la réalisation de soi, c’est-à-dire l’estime de soi, la réussite professionnelle, la réussite personnelle… et ces changements bien sûr ont joué un rôle très important dans le changement macro-sociologique qu’on est en train d’observer sur le plan global.» a-t-il expliqué.