Environ 165 incendies se sont déclenchés sur 456 hectares, depuis le début du mois de juin et jusquau 24 juillet, les plus graves ont été enregistrés notamment à Kairouan, Sejnane (Bizerte) et Béja, a indiqué Habib Abid, directeur général des forêts au ministère de lagriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, dans un entretien accordé à lAgence TAP.
2017 est une année assez difficile et à haut risque dincendie en Tunisie, à cause des conditions climatiques très sévères caractérisées par beaucoup de pluies en hiver, un printemps sec, puis une forte température atteignant 47 degrés, en juin et juillet, et des coups de sirocco. D’ailleurs, beaucoup dincendies se sont déclenchés cette année, dans le bassin méditerranéen au Portugal, Espagne, Italie, Algérie et Maroc.
Abid a toutefois, fait remarquer que le nombre d’incendies a régressé de 50%, par rapport à lannée écoulée, estimant quen continuant à la même cadence au niveau du déclenchement des incendies, les superficies brûlées seront de lordre de 1000 hectares, jusquà la fin du mois daout, contre 1700 hectares en 2016 (320 incendies). Et de rappeler que la période à haut risque dincendies sétale du mois de Juillet au mois dAout, en raison des conditions climatiques, dont le desséchement des plantes doù une inflammabilité importante. La moyenne enregistrée entre 1956 et 2016 est de 107 incendies par an, touchant 1300 hectares. Le nombre d’incendies a été constaté en 2014, soit 450 incendies ayant causé des dégâts sur 4700 hectares, notamment à Bizerte, Béja, Siliana et Zaghouan. En 2015, 300 incendies ont été enregistrés ravageant 800 hectares, essentiellement à Jendouba, le Kef et Siliana. » 90% des incendies sont accidentels, il sagit d’agriculteurs qui nentretiennent pas leurs tracteurs ou leurs moissonneuses batteuses, lors de la moisson ou encore dactes inconsidérés, comme c’est le cas d’ouvriers qui préparent le thé ou jettent des mégots de cigarettes, lors des travaux agricoles ou encore, d’agriculteurs qui incendient les chaumes ». « Les incendies peuvent également, se déclencher, accidentellement, dans le cas où des étincelles atteignent les plantes, lorsque les femmes qui vivent dans les régions forestières, préparent le pain traditionnel (Tabouna), distillent du romarin ou encore font la collecte des graines de pin dAlep (les cônes collectés sont stockés près dun four traditionnel creusé à même le sol. Au contact de la chaleur, les cônes gonflent, souvrent et libèrent les graines de « zgougou ») ». « Concernant les 10% d’incendies volontaires, nous avons constaté à partir de 2011, une multiplicité de départs de feu. Pas mal dincendies sont prémédités, et ce, pour divers raisons, soit quelquun met le feu à une partie de la forêt, pour occuper le terrain et lexploiter dans des activités agricoles, soit des gens provoquent un incendie pour régénérer la forêt et lexploiter en tant que pâturage. Dans d’autres cas, lorsqu’il y a une instabilité sociale, une population en colère peut déclencher un incendie », a expliqué Abid. Il a noté que la surface forestière, en Tunisie, est de 1 million dhectares, soit un taux de couverture au niveau national de lordre 8%. « Ce taux est relativement assez bas, nous sommes un pays à faible couvert forestier, vu que le tiers du pays est désertique, mais on peut arriver à un maximum de 15%. Déjà dans notre stratégie 2015/2024, on vise atteindre 12% de couvert forestier ». Revenant sur les moyens de prévention et de lutte contre les incendies, Abid a assuré que son département et les structures concernées commencent à se préparer, à partir de lhiver, à travers lentretien de toute linfrastructure forestière à savoir les pistes forestières, les tranchées pare-feux, les points deau (grands bassins deau permettant une extinction rapide des incendies) et les postes de vigie (162 postes qui travaillent 24/24h, pendant la période estivale, avec 3 gardiens équipés de postes radio). Ces gardiens, a t-il expliqué, informent soit la délégation, soit le gouvernorat, ou encore la direction des forêts ou la protection civile ou le centre national de protection civile de Rades, dès lapparition dune fumée, signifiant un départ de feu. Les équipes forestières qui disposent de camions dune capacité de 600 litres, se dirigent alors vers lincendie pour l’éteindre, sil sagit de petits feux dont l’étendue est de 100 à 300 mètres carrés, sinon elles demandent des renforts (camions de plus grande capacite) à la direction des forêts. En cas dimpossibilité de maitriser les feux, elles font appel à la protection civile pour intervenir et si jamais le feu prend de lampleur et se transforme en des incendies multiples, les militaires interviennent (armée de lair ou de terre). Le responsable a mis laccent dans ce cadre sur la coordination existant entre la direction générale des forêts et loffice national de la protection civile, rappelant qu’au mois de mai, tous les gouvernorats préparent leurs plans daction dintervention et de lutte contre les incendies et les envoient à la direction générale des forêts et à la protection civile pour discuter, au cours dune réunion conjointe, leur amélioration ou simplement pour les approuver.