Turquie : Incarcération d'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul

Son arrestation, survenue mercredi, a provoqué une onde de choc dans le pays et déclenché une série de manifestations de grande ampleur, mobilisant des centaines de milliers de personnes dans tout le pays. Imamoglu, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan, était sur le point d’être désigné candidat à la présidentielle de 2028 par son parti, le CHP (Parti républicain du peuple), lorsqu'il a été interpellé.
Imamoglu, qui a déjà démenti les accusations de corruption, fait face à des poursuites pour des crimes financiers, incluant des irrégularités dans des appels d’offres et des allégations d'extorsion. L’accusation la plus grave, cependant, concerne des liens supposés avec des groupes terroristes, notamment le PKK, un groupe armé kurde, ce qui pourrait avoir des conséquences lourdes. Ses défenseurs dénoncent des violations des droits de la défense, affirmant que les procédures judiciaires ne respectaient pas les normes internationales.
Cette incarcération a alimenté des protestations dans tout le pays. Depuis l’arrestation du maire, des manifestations ont été organisées dans plus de 55 des 81 provinces de Turquie, entraînant des centaines d’arrestations. Les rassemblements se sont intensifiés à Istanbul, où des milliers de personnes ont envahi les rues pour exprimer leur soutien à Imamoglu, certains manifestants restant même à l’intérieur de l’hôtel de ville pour la nuit. Face à la pression, le gouvernorat d’Istanbul a prolongé l’interdiction des rassemblements publics jusqu'à mercredi soir, renforçant les mesures de sécurité pour éviter des troubles.
Le Parti républicain du peuple a qualifié cette arrestation de « coup d'État politique » et a dénoncé un complot visant à nuire à la réputation de leur leader. Imamoglu, devenu une figure incontournable de l’opposition après sa victoire électorale en 2019, a été une cible constante de la part d'Erdogan, qui a perdu Istanbul après vingt-cinq ans de domination sur la ville. L'incarcération du maire a exacerbé les tensions politiques dans le pays et renforcé les craintes d’un contrôle accru de l'État sur la municipalité d’Istanbul, avec la possibilité de nommer un administrateur à sa tête.
Imamoglu a affirmé que les accusations portées contre lui étaient « immorales et sans fondement », et a promis de poursuivre ceux qui sont responsables de cette « stratégie » visant à entacher sa crédibilité.