Depuis Riyad, Trump déclare la fin des sanctions américaines envers la Syrie

S’exprimant lors du forum d’investissement américano-saoudien à Riyadh, en présence notamment du prince héritier Mohammed ben Salmane, d’Elon Musk et de Jeff Bezos, Trump a affirmé :
« Je vais ordonner l’arrêt des sanctions contre la Syrie pour leur donner une chance de grandeur. »
L’annonce a été suivie d’une standing ovation de plusieurs secondes.
Un soutien implicite au nouveau régime syrien
Le président américain a justifié sa décision après des échanges avec le prince héritier saoudien et le président turc Recep Tayyip Erdogan, deux acteurs clés du soutien régional au nouveau gouvernement syrien.
Trump a également confirmé qu’il rencontrerait le président syrien par intérim Ahmed Al-Charaa mercredi à Riyadh. Cette rencontre revêt un caractère très controversé : Al-Charaa est un ancien djihadiste, passé par Al-Qaïda et l’État islamique, avant de fonder Jabhat al-Nusra. Bien qu’il figure encore sur la liste américaine des terroristes, il est désormais soutenu par la Turquie, l’Arabie saoudite et plusieurs monarchies du Golfe pour sa volonté de stabiliser la Syrie.
Tensions avec Israël, pression sur l’Iran
Cette reconnaissance implicite du nouveau pouvoir syrien souligne l’éloignement stratégique entre Washington et Tel-Aviv : Israël ne figure pas dans l’agenda de cette tournée régionale, une première depuis le début du second mandat de Trump.
Cette décision de Trump s'inscrit dans une stratégie plus large de redéfinition des alliances américaines au Moyen-Orient. Elle témoigne également du rôle désormais central de l'Arabie saoudite dans l'architecture géopolitique régionale, particulièrement dans le dossier syrien.
En revanche, le président américain a durci son discours envers l’Iran, au moment où se poursuivent à Mascate des négociations sur le nucléaire, menées par son envoyé spécial Steve Witkoff, sous médiation d’Oman :
« Nous ne laisserons jamais l’Amérique ou ses alliés être menacés par le terrorisme ou une attaque nucléaire. Le moment est venu pour eux de choisir. »
Réactions syriennes et contexte post-Assad
Le ministère syrien des Affaires étrangères, par la voix de Assaad al-Chaibani, a salué une décision qualifiée de « tournant décisif », ouvrant la voie à un avenir de stabilité et de reconstruction après quatorze années de guerre.
Donald Trump avait déjà évoqué, la veille, un possible assouplissement des sanctions, après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, renversé par une coalition islamiste. Le nouveau président par intérim, Ahmed Al-Charaa, mène depuis une offensive diplomatique pour sortir son pays de l’isolement, notamment auprès des pays occidentaux.
Cependant, plusieurs États conditionnent la levée de leurs sanctions à des garanties concrètes en matière de droits humains et de protection des minorités.
Une économie syrienne exsangue
Selon l’ONU, 90 % de la population syrienne vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Le PNUD estime dans un rapport de février que, sans changement majeur, la Syrie ne retrouvera pas son niveau économique de 2010 avant 2080.