La Tunisie franchit le cap des 11,97 millions d'habitants selon le dernier recensement

Une hausse de près d’un million de personnes en dix ans (+989 415), traduisant un taux d'accroissement annuel moyen de 0,87%. Mais derrière ces chiffres, se dessinent des mutations profondes qui redessinent les priorités politiques, économiques et sociales du pays.
Pour Samir Abdelhafidh, ministre de l’Économie et de la Planification, ces résultats ne sont pas de simples statistiques : ils serviront de socle au plan de développement 2026-2030. « Ce recensement marque un tournant vers un système statistique plus moderne, capable de suivre les transformations économiques et sociales », a-t-il dit, dans une déclaration rapportée par l’Agence TAP.
Parmi les grandes tendances mises en lumière : le vieillissement progressif de la population. La part des personnes âgées de 60 ans et plus est passée de 11,6% en 2014 à 16,9% en 2024, tandis que celle des enfants de moins de 5 ans a chuté à 5,9%. Une évolution qui traduit une baisse du taux de fécondité, en dessous du seuil de renouvellement des générations, et qui appelle une adaptation urgente des politiques de santé, de retraite et d’éducation.
Le recensement révèle également une légère prédominance féminine (50,7% de femmes), un phénomène expliqué par une espérance de vie plus élevée et une migration masculine plus marquée. Ce déséquilibre implique des réajustements dans les politiques sociales, notamment en matière de santé et de sécurité sociale.
Autre donnée marquante : la concentration urbaine. Près de 60% de la population se concentre dans les districts 2 (Tunis, Ariana, Ben Arous, Manouba, Nabeul, Zaghouan) et 3 (Sousse, Monastir, Mahdia, Kairouan, Kasserine, Siliana), accentuant les disparités entre les régions. Le Sud et l’Ouest du pays restent nettement moins peuplés, malgré leur potentiel économique.
Enfin, la population étrangère reste marginale, ne représentant que 0,55% du total, une stabilité qui contraste avec la dynamique migratoire mondiale.