"Nass El Ghiwane" envoûte Hammamet : une transe musicale intergénérationnelle

Une force musicale mystique a envahi l’amphithéâtre de la ville de Hammamet, dans la soirée du 27 juillet 2025, à l’occasion de la 59e édition du Festival International de Hammamet. La soirée, annoncée “sold out”, a tenu toutes ses promesses… et pour cause : la formation légendaire “Nass El Ghiwane” y a livré un concert inoubliable.

Sur scène, les membres emblématiques du groupe marocain apparaissent en habits hauts en couleur, porteurs d’une mission qui dépasse le simple divertissement : transmettre, rassembler et faire vibrer. Dès les premières notes, le public – composé majoritairement de seniors mais aussi de jeunes admirateurs – est happé par cette transe musicale soufie, profondément engagée et poétique.

Leur répertoire, nourri de textes puissants, entrelace des valeurs humaines, sociales et spirituelles, évoquant l’histoire, les souffrances, la résistance et la grandeur du peuple maghrébin. Des titres cultes comme “Fine Ghadi Beya Khouya”, “El Hammami”, “Lebtana”, “El Sinia” ou encore les spirituels “Ya Banny El Insan” et “Allah Ya Maoulana” résonnent dans l’arène, portés par une instrumentation riche mêlant flûte (nay), violon, oud, gombri, synthétiseur, bonjo et percussions traditionnelles.

Créé en 1971, “Nass El Ghiwane” a connu plusieurs générations de musiciens. Mais son essence demeure intacte, fidèle à l’esprit de ses fondateurs tels que Larbi Batma, Brahim Boujemaa et Omar Sayed. Aujourd’hui encore, le groupe perpétue une transmission musicale et spirituelle qui dépasse les frontières et les âges.

 Rachid Batma, l’un des membres principaux, rappelle que le groupe n’a jamais cessé de valoriser la justice, dénoncer l’injustice, et chanter l’humain dans toute sa complexité : amour, lutte, paix, beauté… Leurs paroles débordent de sensibilité et de métaphores universelles, ancrées dans le vécu et l’espoir.

Après deux heures de concert, le public chante, danse et savoure cette musique habitée, témoin d’un héritage vivant.

 À suivre ce soir : place au théâtre avec la création “Dame de Kerkoine” de Wajdi Gaidi et Houssem Sahli, en avant-première sur les planches du festival. Une nouvelle page s’ouvre, entre mémoire, narration et performance.