Netanyahu obtient le feu vert pour occuper Gaza-Ville

Le cabinet de sécurité israélien a validé jeudi soir, puis officialisé vendredi, le plan du Premier ministre Benyamin Netanyahou visant à l’occupation militaire totale de Gaza-Ville. Cette décision implique le déplacement forcé de dizaines de milliers de civils palestiniens déjà affamés, vers des camps précaires du centre de la bande de Gaza.
Présentée comme une « étape nécessaire » pour vaincre le Hamas, cette opération s’inscrit dans une stratégie plus vaste de nettoyage ethnique et de destruction systématique de la société palestinienne. Depuis des mois, Israël mène une guerre qui ne distingue plus cibles militaires et population civile, violant ainsi le droit international humanitaire.
Un bilan qui traduit une politique d’extermination
Depuis le 7 octobre 2023, plus de 62 600 Palestiniens ont été tués, selon les données officielles. Des estimations indépendantes évoquent plus de 80 000 morts si l’on inclut les disparus sous les décombres. Les enfants représentent une part écrasante des victimes, et la famine – conséquence directe du blocus israélien – a déjà coûté la vie à près de 200 personnes.
Les infrastructures civiles sont méthodiquement détruites : hôpitaux, écoles, réseaux d’eau et d’électricité. Les organisations humanitaires parlent d’une famine fabriquée servant d’arme de guerre, et de la plus grave catastrophe humanitaire de ce siècle.
Les “cinq conditions” : un manifeste colonial
Pour mettre fin au conflit, le gouvernement israélien impose cinq conditions : désarmement complet du Hamas, libération des otages, démilitarisation de Gaza, contrôle sécuritaire permanent par Israël, et création d’une administration “alternative” excluant à la fois le Hamas et l’Autorité palestinienne.
Ce plan n’est rien d’autre que la feuille de route d’une occupation coloniale à long terme, sans horizon politique pour les Palestiniens et avec l’objectif implicite de briser toute possibilité d’autodétermination.
Vives critiques en Israël et à l’étranger
Même à Tel-Aviv, la contestation monte. Yair Lapid, chef de l’opposition, dénonce “un désastre qui en engendrera d’autres”, accusant Netanyahou de céder aux extrémistes de son gouvernement.
À l’étranger, les condamnations sont sans équivoque. Des responsables palestiniens qualifient la décision de “crime de guerre” et de “génocide”. La diplomatie australienne avertit que cette voie “ne fera qu’aggraver la catastrophe humanitaire” et rappelle que la seule solution viable reste la coexistence de deux États.
Les analystes militaires rappellent que l’occupation passée de Gaza (1967-2005) avait déjà échoué, confrontant Israël à une résistance constante. La stratégie actuelle risque de créer un cycle infini de violences, alimenté par des générations de Palestiniens privés de terre, de droits et de futur.