Hammamet vibre au rythme de RUST et Alsarah & The Nubatones

Un vent de musique contemporaine arabe souffle sur l’amphithéâtre de la ville de Hammamet, avec la performance inoubliable du duo libano-syrien RUST. Ce dernier, connu pour son style singulier et sa fusion de sonorités électroniques et orientales, a livré un concert d’une rare intensité, mêlant reprises, compositions originales, lumières et danse.
Le duo, composé de Petra Hawi (chanteuse libanaise) et Hany Manja (musicien et producteur originaire de Damas), s’est illustré par son univers musical à la croisée du Tarab et de l’électro alternatif. Fondé en octobre 2020, RUST revendique une musique profondément humaine et émotionnelle :
« L’entente humaine prime avant tout, tout comme l’humain qui est au centre de nos préoccupations », ont-ils déclaré.
“Nous sommes plus que ravis d’être ici. L’endroit est féerique.” a lancé Petra Hawi.
“Si je pouvais chanter, je me serais exprimé en chantant. Merci de nous faire sentir chez nous ici, en Tunisie”, a ajouté avec émotion Hany Manja.
Le public a été transporté dans une autre dimension, entre mémoire, identité et innovation. La chanson « Diaspora » a particulièrement ému, née du vécu de l’exil, que Petra décrit comme une douleur qu’ils tentent "d’enjoliver à travers la musique".
Alsarah & The Nubatones : un voyage entre racines, exil et espoir
Après une courte pause, l’ambiance change radicalement. Alsarah, star soudanaise basée aux États-Unis, entre en scène avec son groupe The Nubatones. Dès ses premiers mots —
“This is a vibe, welcome to my house, welcome to Sudan” —
le ton est donné.
Sa musique, puissante et poétique, mêle influences nubiennes, chants traditionnels et rythmes modernes. Le public est invité à vivre pleinement l’instant : danser, chanter, rire, pleurer.
« Cet espace est le nôtre. Ce moment va être mémorable », lance-t-elle avec générosité.
Parmi les titres interprétés :
"Men Ana", "Salam Nubia", "Sudani", "New Habibi".
Chaque morceau est ponctué d’un humour naturel et d’une énergie communicative. Le oud s'invite en solo, offrant une parenthèse d’enchantement.
Mais la performance est aussi un cri du cœur sur l’exil, thème central de la soirée :
« Je vis depuis 30 ans en exil. Quand on revient, on ne reconnaît rien. Nous sommes victimes d’une mémoire qui nous joue des tours », confie Alsarah.
Un témoignage bouleversant sur la nostalgie, l’identité fragmentée, et le besoin viscéral de transmission à travers la musique.
Et ce soir au théâtre…
Le festival se poursuit avec le metteur en scène Hafedh Khalifa et sa pièce engagée "Mère des Pays", à ne pas manquer !